Il est encore temps de tout changer, Tara.

Pour que toi et tous les enfants de ta génération puissent continuer à manger des fruits et des légumes locaux et de saison. Pour qu’aucun de nous n’ait plus à se méfier de ce qu’il met dans son assiette. Pour que les jeunes paysans d’aujourd’hui se libèrent des pratiques de l’agriculture industrielle d’hier. Pour que le monde agricole dans son ensemble redonne un sens à la terre.

En pleine épidémie de la Covid, avec David, nous avons voulu donner un visage à celles et ceux qui ont continué à nous nourrir sainement alors que le monde semblait à l’arrêt. Nous avons fait la rencontre de paysans respectueux de leurs parcelles. Ceux-ci ne veulent pas de chimie dans leurs terres, mais de la biodiversité dans les champs. Pour cela, ils privilégient les méthodes de l’agriculture biologique et vendent leurs produits localement. Ces paysans ne sont pas motivés par le profit, ils sont amoureux du Vivant. 

On pourrait les appeler « les résistants du XXIème siècle », héros et héroïnes de notre temps. Car celles et ceux qui pratiquent une agriculture à échelle humaine  sont indispensables à notre survie heureuse. Ils sont les gardiens de la terre.

Nous les avons rencontré ici en Provence, dans le sud de la France, mais aussi en Uckermark, en Allemagne. Tu dois savoir que ces deux pays d’où tu viens sont des géants agricoles. Ces poids lourds ont le pouvoir d’influencer la politique agricole commune (PAC), qui fixe avec fermeté les règles du jeu pour tous les agriculteurs de notre Union européenne. 

Or, depuis sa création, c’est le modèle productiviste des grandes exploitations que soutient surtout la PAC : celles qui doivent avant tout générer du profit, polluent et privent de terres des petits paysans en devenir. Je veux pourtant croire qu’en tissant des liens entre les petites fermes paysannes de France et d’Allemagne, nous pouvons impulser un élan contraire.

Le monde agricole est extraordinaire et fascinant. Nous devons lutter pour en maintenir les savoir-faire respectueux de tous les êtres vivants, et en inventer d’autres à même de satisfaire nos besoins tout en préservant la planète. Ce combat, je voudrais le mener pour toi, Tara, et pour les générations futures. Car ce que l’on nomme aujourd’hui « le monde d’après » commence ici, dès maintenant.

Le monde que nous voulons pour vous, nos enfants, est savoureux, ancré dans son terroir et plein de joie !

Avec tout mon amour,

Maman